Melophile Discophile Audiophile

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Tag - Mercury Living Presence

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mercredi, mars 25 2015

La hi-fi avance à reculons depuis plus de 20 ans (4. Le relief)

Qui fait encore de la vraie stéréo?

Aujourd'hui, alors que l'on parle de reproduction sonore à cinq canaux et que les systèmes Surround avec voie arrière sont très en vogue, par un curieux paradoxe, on oublie de se demander qui, parmi les éditeurs phonographiques, fait encore de la vraie stéréo.
(reproduction d'un éditorial de Jean-Marie Piel publié en Mars 1995 dans la revue Diapason)

Depuis un peu plus d'un an, le petit monde du son est en effervescence. De grands chambardements vont avoir lieu, nous dit-on. Nous sommes à l'aube de la «pentaphonie », d'un nouveau son en cinq canaux numériques. D'ailleurs le standard est déjà adopté par la plupart des grandes instances électroacoustiques de part le monde, y compris les organismes de radiodiffusion qui voient dans cette innovation une occasion d'élargir leur audience. D'ores et déjà les systèmes « Dolby Surround » dérivés du cinéma, avec voie arrière et voie centrale, grignotent des parts de marché sur le terrain de la Hi-Fi traditionnelle, étroitement liée à la stéréo classique à deux canaux.
Même si elles semblent aujourd'hui plus sérieuses grâce aux liens étroits qu'elles entretiennent avec l'image, il faut se rappeler que ces tentatives destinées à renouveler le marché de la Hi-Fi ne sont pas nouvelles. Il y a une quinzaine d'années déjà on voulut imposer la tétraphonie qui utilisait quatre enceintes avec quatre pseudo-canaux et s'apparentait aux procédés « Surround » actuels. Ce fut un fiasco mémorable. Il est vrai que les supports de l'époque -le microsillon principalement - se prêtaient mal à l'inscription de canaux supplémentaires, alors que cela ne pose plus guère de problème à présent avec les disques numériques. Il est vrai aussi que la miniaturisation des enceintes n'en était qu'à ses débuts et que les maîtresses de maison voyaient d'un très mauvais œil l'adoption d'une paire supplémentaire de haut-parleurs. Il est vrai enfin que ce nouveau standard se voulait au service de la seule musique et ne bénéficiait pas de ce puissant appui que représente la télévision. Les conditions étaient donc fort différentes et l'échec explicable, sinon prévisible.

En fait la seule analogie existante entre ces deux grandes tentatives de transformation technologique à quinze ans d'intervalle, c'est la soi-disant recherche d'un relief sonore accru. Mais il est clair que dans les deux cas cette recherche aurait été sans objet si la stéréophonie avait tenu ses promesses. A l'époque de la tétraphonie, l'arrivée d'une Hi-Fi plus grand public, principalement en provenance d'Extrême-Orient, s'est traduite par une perte générale de la notion de relief sonore. Les chaînes devenaient de moins en moins aptes à rendre avec précision les sons dans J'espace, à restituer des plans sonores. Les constructeurs d'enceintes notamment étaient surtout absorbés par le souci de miniaturiser leurs produits et de les rendre plus accessibles. Rares étaient ceux, comme Elipson ou Cabasse en France, qui continuaient à travailler sérieusement la question du relief stéréophonique et de son réalisme, en liaison avec les techniques de prise de son. A présent, on doit reconnaître que le matériel a fait d'incontestables progrès. Malheureusement le problème s'est déplacé: les prises de son purement stéréophoniques, hélas! sont devenues l'exception.

Sans prendre des positions intégristes sur le sujet, il faut bien se rendre à l'évidence : les enregistrements réalisés avec deux ou trois microphones seulement - autrement dit les seuls qui peuvent restituer un relief sonore cohérent - ne représentent plus qu'une infime minorité. Ne parlons pas de la musique « moderne » où chaque instrument est « travaillé » avec son propre microphone. Dès lors, la reconstitution d'une espace naturel, donc d'un relief authentique, est hors de question pour des raisons d'interférences et de disparités' entre les différentes images sonores superposées. A présent, même en musique classique, la majorité des prises de son de grands ensembles orchestraux ou choraux font appel à une multitude de microphones d'appoint qui sont autant d'entrave à une stéréo cohérente, reflétant fidèlement le relief des sons acoustiques. On nous dira qu'il est parfois impossible d'obtenir une image sonore équilibrée sans ajouter un microphone sur les contrebasses, le soliste ou les cuivres. Si tel est le cas on se demande comment procédaient les meilleurs ingénieurs du son dans les années 50/60 ? Quels que soient les effectifs musicaux, ils se contentaient de deux ou trois microphones, et les résultats étaient exceptionnels de relief, de lisibilité et de cohésion spatiale. Il suffit de réécouter les enregistrements Decca, RCA « Living Stereo » ou Mercury, pour ne citer que les plus fameux. On mesure alors tout ce que les techniques modernes de prise de son nous ont fait perdre en matière de relief. C'est fort dommage mais c'est ainsi, même parmi les plus grandes maisons, il n'en est pratiquement plus qui, pour leurs prises de son de grands effectifs, se risquent à faire de la stéréo intégrale. Certes la multiplication des microphones facilitent considérablement les problèmes de mixage et d'équilibre et elle permet de faire ressortir une quantité croissante de détails. Mais c'est forcément au détriment du relief.
Rien ne peut l'empêcher - pas même les systèmes numériques les plus sophistiqués qui visent à remettre à peu près en phase les micros disséminés aux quatre coins d'une salle. Il ne faut pas se leurrer: la multiplication des canaux n'a jamais amélioré le relief, bien au contraire - à moins de les multiplier jusqu'au système de reproduction lui-même, sans mélange aucun. Aussi ne faut-il pas s'étonner, aujourd'hui où la vraie stéréo devient de plus en plus rare à la source, de voir fleurir à nouveau toutes sortes de systèmes et de gadgets visant par des artifices plus ou moins sophistiqués à créer une illusion, sinon de relief, d'espace qui n'a finalement pas grand rapport avec la haute fidélité.

>> Cet article rédigé il y a plus de 20 ans (son auteur nous a malheureusement quitté l'an dernier) mettait le doigt sur un problème qui n'a hélas fait qu'empirer depuis.

Plus la technologie audio avance et plus la musicalité recule. Bien triste constat.

lundi, avril 14 2014

Les grands labels des années glorieuses du disque noir

RCA Living StereoRCA Victor Living Stereo, MERCURY Living Presence et DECCA ont produit pendant plus d'une décennie un grand nombre de disques qui ont bénéficié d'une exceptionnelle qualité d'enregistrement mettant en œuvre seulement 3 micros. Soit 2 micros cardioïdes plus 1 omnidirectionnel, soit 3 omnidirectionnels (MERCURY). DECCA plaçait ses 3 micros sur un T inversé, le célèbre "Decca tree", obtenant une qualité sonore à l'origine du slogan "The Decca Sound".
De son côté La Columbia Records ne chômait pas, avec la pléiade de vedettes qu'elle distribuait, en partie du fait de son antériorité historique. Dès 1946 Columbia avait en effet édité le premier microsillon en 33t/mn (des œuvres de Mendelssohn et Tchaïkovski). On retrouve ses enregistrements mythiques dans la collection "Columbia Masterworks".

L'âge d'or de la stéréophonie

Mercury Living PresenceCes "Golden Sixties" coïncidaient avec les débuts de la stéréo et bien sûr toute la chaine de production était entièrement analogique depuis l'enregistrement jusqu'au pressage final du disque noir 33T. Tous les appareils électroniques étaient alors à tubes. Les tourne-disques "grand public" étaient équipés de cellules de lecture piezo électriques, puis avec le début de la HI-Fi de cellules magnétiques à aimant mobile et seul le mélomane fortuné ou le professionnel pouvait s'offrir les rares et coûteuses cellules à bobines mobiles.

DG original ImageLes pionniers de la prise de son

Ils avaient tout à inventer pour faire de bonnes prises de son stéréophoniques. Leur seul critère était de comparer si ce qu'ils avaient enregistré reflétait bien ce qu'ils avaient entendu en direct. Avec du pragmatisme, de l'oreille, du talent et pas de théorie, en se débrouillant avec les moyens techniques de l'époque,ils firent des prouesses.



Quelques noms à retenir:

  • Richard Mohr et Lewis Layton pour RCA (discographie)
  • Robert Fine et Wilma Cozart pour MERCURY (discographie)
  • Kenneth Wilkinson et Roy Wallace pour DECCA (discographie)
  • Douglas Larter et Walter Legge pour EMI (discographie)
  • Fred Plaut et Bill Porter (studios Nashville) pour COLUMBIA (discographie)
  • Günter Hermanns et les Emil Berliner Studios pour DG (discographie)

EMI Masters Tous ces responsables des prises de son ont fait un travail rarement (jamais?) été égalé par la suite. Voir leur nom dans le livret du CD ou sur la pochette du disque noir est (presque(*) une garantie contre tout ratage de l'enregistrement.
Chaque label faisait ses propres recherches dans la prise de son et en gardait jalousement le secret. La vive concurrence dopait la créativité.

Quand le numérique sauve l'analogique de l'oubli

The DECCA SoundNous avons maintenant la chance d'avoir accès aux bandes mères analogiques, bandes magnétiques ou films magnétiques, de l'époque dans une remastérisation soignée en 20 ou 24 bits qui les restituent à 100%... et donc d'éviter les nombreux défauts du disque microsillon. Car oui, les vinyles en ont des défauts, croyez-moi en tant que vieux discophile, et pas des moindres. La même matrice pouvait produire jusqu'à 10 000 disques vinyle mais seuls les 1 000 premiers étaient de la meilleure qualité, et encore... Tomber sur un bon pressage de 33T relevait de la roulette russe avec 3 balles sur 6 dans le barillet! Il faut aussi savoir que les toute-premières numérisations des disques noirs étaient peu satisfaisantes au début, parfois carrément décevantes.

Presque tous les grands labels ont fait une nouvelle remastéristation d'une partie de leur catalogue dès que la technique numérique a pu utiliser des outils de traitement performants et un encodage de meilleure qualité sur un nombre de bits accru. Ainsi les Emil Berliner Studios firent-ils un remarquable travail de remastérisation pour DG dès 1990-91, d'autres labels profitèrent de leurs bandes-mères en 3 pistes pour sortir une version SACD multicanal. Attention, souvent les pochettes des CD sont reprises à l'identique dans anciennes. Bien choisir les CD réédités après 1990 et avec la mention "Remastered" ou "Digitally Remastered".

L'actualité des anciennetés

Vous aurez compris que ce blog parlera surtout des "anciens" mais qui sont loin d'être des antiquités. Il y a des centaines d'autres blogs consacrés aux dernières sorties en disques, aux tubes du jour et aux clips, il est inutile que j'en rajoute un. Mais si vous recherchez des trésors du passé discographique, alors peut-être que ce blog retiendra votre attention.
Originals Philips
Liens:

The Decca Sound : Secrets of the Engineers http://www.polymathperspective.com/?p=2484
http://www.philsbook.com/abbeyroad.html
http://audiophile.apiguide.net/?p=1194
http://culturecatch.com/music/columbia-LP-birthday
http://en.wikipedia.org/wiki/Columbia_Records


(*) Pourquoi ce "presque": Hélas toutes les remastérisations ne se valent pas. Les meilleures sont les simples numérisations en 24 bits refaites avec des convertisseurs A/N récents, issues des bandes originales, sans retriturage du mixage, sans bidouillages des pistes, par exemple pour diminuer le souffle de bande ou pour mettre en avant les voix des chanteurs. L'émotion pâtit chaque fois de telles malversations, sans parler de l'acoustique de salle, ni de la vie!


Le mythe du vinyle qui sonnerait mieux que le numérique:

- Audio myth: Vinyl better than CD?
- Are Vinyl Recordings Better than Digital?
- Disque noir vinyle, le retour? ou bien simple effet de mode?

Quelques sites Actualités & Forums Musique Classique:

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